Après une première édition très réussie, Peinture Fraîche Festival réinvestit la Halle Debourg pour une nouvelle session de street art. Avec de nouveaux artistes mais aussi de nouvelles dimensions. Temporelle avec un festival 2 fois plus long que le premier. Spatiale avec un lieu organisé différemment et des containers pour la partie expo. Créative, par la diversité des supports d’expression utilisés. Sensorielle avec la large utilisation de la réalité augmentée. Humaine en considérant l’engagement de certains artistes (Brusk collabore avec Handicap international, Green est engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique…). Jusqu’au 25 octobre, le street art se célèbre sous toutes ses formes à Lyon !
PLUS DE 40 ARTISTES NATIONAUX ET INTERNATIONAUX
De Lyon à Bordeaux, en passant par Lisbonne et New York, cette deuxième édition du Peinture Fraîche Festival rassemble plus de 40 artistes urbains. Des artistes locaux : Ynot, Brusk, Lasco, Osru, Polka, Mani, By Dav, Cart’1 (l’un des organisateurs du festival)… Des artistes nationaux : Alber (Bordeaux), Astro (Paris), Bouda (Paris), The Blind (Rennes), Okyel (Grenoble)… Et des artistes internationaux : Anaheah (Lisbonne), Adam K. Fujita (New York), Ben Eine (Londres), El Pez (Barcelone), Spidertag (Argentine), Bond Truluv (Berlin)…
A l’inverse d’une exposition thématique ou dédiée à un artiste, ici tous les styles se mélangent pour former un tout. Avec pour seul mot d’ordre : la libre expression. Et c’est précisément ce mélange des œuvres et des messages que je trouve réjouissant, à l’image du style pop de Ynot ! Cette année encore, ouvrez bien les yeux, les œuvres se cachent un peu partout. Comme les pochoirs de By Dav : mon préféré est l’orang-outan tenant du Nutella. Enfin dernier artiste à ne pas oublier : vous. Participez à l’un des ateliers proposés ou prenez un marqueur Posca et lâchez-vous sur le mur d’expression libre dehors !
DES OEUVRES EN REALITÉ AUGMENTÉE
Déjà lors de l’édition précédente, on pouvait donner vie aux formes des franc-colleurs. Cette année, les artistes pressent le spray beaucoup plus loin. Car une bonne partie des œuvres s’apprécie en réalité augmentée ! Téléchargez l’appli du festival gratuitement (sinon des smartphones peuvent être prêtés sur place), placez-vous devant les fresques et profitez du spectacle.
Certaines vidéos sont des animations courtes faisant varier les formes dans l’espace. J’ai particulièrement bien aimé voir le visage d’Alber et le mur en perspective d’Astro prendre vie. D’autres vont plus loin, si l’on s’attarde sur celle de Brusk mettant en scène Guignol qui frappe un gendarme jusqu’au sang… Plus poétique, la fresque de The blind, monochrome à l’œil nu, prend des couleurs dans l’appli.
Quelle que soit l’œuvre, cette appli, conçue par l’agence Hyperfiction en collaboration avec des motion designers, augmente les émotions. Permettant ainsi de créer un dialogue avec le spectateur, tel un voyage immersif à l’intérieur des œuvres. Et c’est très réussi ! J’ai beaucoup aimé ce prolongement vivant, qui permet d’apprécier le travail des artistes avec un autre regard.
L’ART ET LA MATIÈRE DU PEINTURE FRAICHE FESTIVAL
On associe souvent le street art au spray. Mais les techniques utilisées sont bien plus larges qu’on ne le pense. Et ce festival Peinture Fraîche est l’occasion de découvrir d’autres supports de création. Points de croix géants de la jeune Aheneah, graffiti en braille de The blind, papier mâché et cartons de récupération de Green, néons muraux interactifs de Spidertag, writing lumineux d’Adam Kiyoshi Fujita…
Des ateliers permettent aussi de s’initier au street art. Pendant que certains assisteront à une session de sérigraphie en direct, d’autres créeront leur graffiti virtuel grâce au light spray. Perso je vous recommande le waterlight graffiti d’Antonin Fourneau. J’ai bien adhéré à ce principe de message éphémère, composé à l’aide d’une éponge humide qui active une série d’ampoules LED (merci à Virginie pour cette photo-souvenir).
Dans un autre style, j’ai été étonné par le Bart Simpson d’Adam K. Fujita. Pas tant par la taille géante de ce personnage qui présente ses fesses au président américain. Mais plutôt par les couleurs bluffantes. Pensant d’abord voir des néons lumineux de loin, comme ceux de Spidertag, c’est en fait de la peinture ! Les couleurs sont si lumineuses que je me suis fait avoir. Vous connaissez sa technique du writing lumineux ? Il définit un tracé avec un logiciel puis reproduit tous les détails de couleurs, ombres et lumières au graffiti sur le mur. C’est cette étape de dusting comme il l’appelle qui crée l’illusion du néon lumineux. Un trompe-l’oeil épatant !
ART SHOW EN CONTAINERS
En plus des grandes fresques qui habillent les murs de la halle, une partie exposition est installée au centre dans des containers ouverts. Avec des tableaux mais aussi des photos et des objets insolites. Parmi mes préférés, la Laitière de Vermeer revisitée par Mars Yahl, les peintures optiques de PF Juin, les peintures typographiques de Ben Eine et les fresques préhistoriques de Lasco (j’aime bien le décalage de la fresque encadrée). Sans oublier quelques flackings d’Ememem.
Plus de 150 pièces de 45 artistes sont à la vente. Garantissant ainsi une rémunération aux artistes œuvrant souvent bénévolement dans la rue. A la fin du parcours de containers, une boutique propose des livres dédiés à la culture urbaine, des affiches sérigraphiées à encadrer, des cartes postales, des stickers, des skates gravés… Il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses.
LE FESTIVAL HORS LES MURS
Comme la précédente session, le festival s’apprécie aussi dans toute la ville, avec des résonances d’artistes. Une façon de prolonger l’événement dans la durée et dans d’autres lieux. Expo collective par Abstract Shutters chez Soffa, performance de graff en live au parvis de l’espace Albert Camus, fresque de Brusk à Lyon 8 en collaboration avec Handicap international, atelier street art avec Quetzilla à l’épicerie moderne… Tous les détails sur le site du festival.
Ce Peinture Fraîche Festival 2 a largement de quoi émerveiller, malgré le contexte Covid-19. Les organisateurs – l’association Troi3, l’agence Tintamarre et Cart’1 – ont tout mis en place pour faire respecter les mesures sanitaires. En plus du masque obligatoire, il faut réserver son entrée par créneau horaire sur la billetterie en ligne. Allez-y sans hésiter, j’espère que vous en prendrez plein la vue comme moi, dans ce temple d’art urbain au genre renouvelé !
Peinture Fraîche Festival
Halle Debourg – 45 avenue Debourg – 69007 Lyon
Du 2 au 25 octobre 2020, mercredi, jeudi et dimanche de 10h à 20h / vendredi et samedi de 10h à 23h
Entrée 5 €
Réservation obligatoire sur peinturefraichefestival.fr
4 comments
Ce n’était pas gagné d’avance avec le Covid, mais ils ont réussi à nous proposer un festival très intéressant, avec des artistes de premier plan et d’autres moins connus … et en plus on visite dans des conditions idéales sans faire la queue, sans la foule, je trouve ça génial ! Contente d’avoir découvert ce PFF2 avec toi !
plaisir partagé 🙂 Belle performance de rassembler autant de nouveaux street artistes, on en prend plein les yeux !
Merci Fabien pour cet article très complet.
j’espère que tu auras l’occasion d’y aller 😉